Cet après midi, quelques galères.
Passons sur la boîte de Decapex renversée sur l'établi. Bien ch... laxatif à nettoyer. Il y en avait partout. Les manches de tournevis n'ont pas apprécié.
Tout d'abord le moteur de broche. Les roulements font un peu de bruit, et il est plein de poussière. Les roulements à rondelles Z seront remplacés par des modèles étanches.
Le flasque du dessus, en forme de chapeau de cheminée, comme sur la Bridgeport, vient tout seul.
La crasse dans ce moteur est indescriptible (poussière qui sera facilement éliminée à l'air comprimé). Un faucheux s'en échappe, et on y voit quelques cadavres de ses collègues.
Celui de dessous, c'est une autre paire de manches. Il faut déposer la poulie. Impossible de la faire bouger. Quelques gouttes de Transyl (un vrai dégrippant contrairement au WD40) instillées à la jonction axe - poulie, et l'extracteur est mis en tension. Légers coups de massette plastique pour aider au décollement, et ça vient petit à petit. 1/8 de tour par 1/8 de tour en laissant faire à chaque fois la tension de l'outil.
Le gros risque en forçant, c'est de casser la poulie. Donc, mollo. Ca a pris un peu de temps, mais c'est venu. La clavette sera elle aussi pénible à sortir, et y perdra quelques petits fragments.
Le flasque aussi est un peu difficile à sortir : on voit un dépot rougeâtre ; le roulement est scellé aussi bien sur l'axe que dans son logement. Et pas question de sortir le flambard à cause des bobinages du stator !
Le moteur est maintenant désassemblé, et à peu près nettoyé. La fonderie, visible là où la peinture est écaillée, a une belle surface bien lisse. Elle sera polie, et ça ne sera pas très difficile.
Maintenant, c'est au tour du carter des poulies et du frein de broche. Grosse galère.
Deux écrous coaxiaux servent à maintenir les roulements de l'axe de la poulie. Un peu pénible à démonter. Il faut desserrer un peu le grand, puis serrer un peu le petit, et ainsi de suite. Ces deux écrous présentent des signes de démontages et remontages multiples. Je comprendrai pourquoi plus tard...
La poulie sort sans problème.
Gros plan sur le frein de broche, actionné par un petit levier situé sur le dessus du carter. Au départ, j'avais peur de trouver pas mal de poussière a priori à base d'amiante, mais il n'en est rien. Cependant, pas de coups de soufflette, le carter sera plus tard nettoyé sous l'eau. Sur les vidéos du MIT, on voit un enseignant arrêter la broche en rotation avec ce frein, sur une machine apparemment ancienne. Et expliquer par ailleurs qu'il ne faut mettre qu'un minimum de liquide de coupe voire pas du tout à cause de sa toxicité.
En tous cas, vu l'âge de la machine, ce frein ne sera utilisé que pour bloquer la broche le temps de manoeuvrer le tirant, et jamais pour la ralentir. C'est certainement une garniture amiantée. Je crois que c'est à prendre en compte par tous les propriétaires de machines de ce type.
Les roulements viennent sans problème ; ils seront remplacés par des modèles étanches. Il y a deux entretoises, l'une entre les bagues extérieures des roulements, l'autre entre les bagues extérieures. l'assemblage est serré (ou plutôt les jeux axiaux sont éliminés) par les écrous vus plus haut.
La garniture du frein est guidée en translation par 3 vis spéciales. Le levier l'abaisse pour venir appuyer sur la poulie. Ces trois vis à tête fendue afleurent la face supérieure du carter. Une goutte de Transyl sur chacune, un bon tournevis et un coup de massette pour décoller les filets : ça ne résiste plus, et ça sort tout seul. Heureusement, car les fentes sont fines et fragiles.
Reste ce manchon... Il est normalement actionné par un manette permettant de choisir le rapport de démultiplication. Les poulies étagées donnent 4 vitesses. Un système situé à l'étage en dessous porte ce nombre à 8. Ce manchon est commandé par une manette, et coulisse de haut en bas par l'intermédiaire d'ergots et d'une rampe hélicoïdale, pour venir agir sur ce qui reste pour le moment un mystère. Ce sera pour les jours qui viennent.
Mais ça ne bouge pas d'un millimètre ! C'est complètement grippé.
On voit que ce n'est pas le seul problème : sur les 4 ressorts de rappel, deux ou trois sont abîmés, tordus et écrasés.
Toujours avec du Transyl, ça vient petit à petit. Pas envie de sortir le flambard, même si ça aurait sans doute été plus rapide. La masse et un jet d'aluminium qui commence à faire la tronche.
Ca y est, c'est sorti, et l'origine du problème apparaît évidente.
Un opérateur a simplement dû faire fonctionner la machine avec le sélecteur déposé. En effet, ce sélecteur, en plus de faire monter et descendre le machon, assure sont immobilisation en rotation.
Sans le sélecteur, le manchon tourne librement. Les traces de graisse cuite, quelques rayures (légères), et la déformation des ressorts ne laissent ausun doute !
Idéalement, il faudrait remplacer ces ressorts. masi il serait difficile d'en obtenir d'identiques, sauf à faire appel à Induma en Italie. En effet, leur site indique que les pièces détachées sont disponibles pour toutes les machines fabriquées depuis la fondation e la société. Mais les prix ont la réputation d'être colossaux sur les forums américains. Ces Induma semblent courantes aux USA, et une source semble être l'armée (au moins un machiniste internaute en a achetée une réformée).
Donc plan B : les ressorts sont en fait assez longs et seule une petite partie dépasse. Ils seront tous amputés d'une même longueur, et des douilles seront placées au fond des logements pour compenser.
Il y a aussi des traces de corrosion, qui ne semble pas galvanique (pas de poudre blanche sur l'aluminium). Mais le peu de rouille présent est à lui seul capable de tout bloquer. la machine a dû être longtemps utilisée avec seulement 4 vitesses ! Les traces laissées par plusieurs démontages montrent que le problème était récurrent.
Il y a là un défaut de conception. Il est impossible de lubrifier ce mécanisme sans tout démonter. Il va falloir "étudier" quelque chose pour y remédier : graisseur et pattes d'araignées en perspective, après avoir bien sûr cherché à savoir si sur la Bridgeport quelque chose a été prévu. Il suffira alors de s'en inspirer. La BP semble avoir en effet une élégance mécanique dans ses détails, élégance que n'a pas l'Induma, plus rustique (mais aussi réputée plus robuste)...
La fonderie du carter des poulies et du frein est assez grossière. Elle est mastiquée et peinte. le polissage sera laborieux !
Le reste de la machine ne devrait en principe pas poser de problème supplémentaire. Demain : polissage des pièces en aluminium.