grattage
Bonjour Phil,
vous dites :
"... je dirais un mouvement de Z sur la largeur (aller à droite et retour en légère diagonale avant de repartir pour la base du Z etc.) avec une très petite course en passes croisées à 45° ? j'ai bon ?"
Bon, pas tout à fait, sinon trop facile... j'expliquerais après. le retour sans appuyer, mais bon ça laisse une trace quand même car je le fais à la main et très rapidement. Le but c'est de laisser un point d'appui entre chaque "saignée", et d'obtenir une répartition régulière de ces points d'appui.
Vous dites :
"J'ai du mal à comprendre ce que vous appelé "fleurage 10 points par pouce" ? Fleurage c'est esthétique et à fin de lubrification, pas géométrique (pourquoi parler de points par pouce ² en fleurage ?) ..."
Je pense que vous confondez "fleurage" et "poches" d'huile.
Non, au départ, le "fleurage" n'est pas esthétique, puisqu'il consiste à organiser une portée "hyperstatique" la plus juste possible. On obtient donc une sorte de "damier" qui est en fait la succession des points de portée (ce que met en évidence le bleu de Prusse). Quand c'est très régulier et particulièrement soigné, cela peut devenir esthétique...
J'ai remarqué que beaucoup de gens confondent "fleurer" avec fleurir (mais c'est pas du grattage), c'est à dire dessiner des motifs sur la surface. Que nenni, "fleurer", et le mot est éthymologiquement parfait, veut dire soupoudrer, diffuser, sauf que le gratteur, lui, diffuse ... des points de portée.
Le nombre de point qualifie la qualité du "fleurage" en précisant le nombre de touches sur le damier (voir photo 3 ci avant, bleu du contrôle d'appui) par unité de surface (ici pouce carré).
Non le fleurage n'est pas à des fins de lubrification. En fait, dans un grattage classique, la différence entre le creux et la bosse dans un fleurage est très faible, de l'ordre de 3 à 5 microns. Cette cote ne suffit pas à une molécule d'huile, il y aura donc à terme "gommage" ou "stick sleep" (chez nos amis anglo-saxons). Le "fleurage" garanti la portée géométrique, pas le fonctionnement.
Sur machine outil, le "fleurage" est donc un "mauvais" copains car s'il garanti la "portée" géométrique, il condamne à plus ou moins long terme la possibilité de mouvement, à cause du gommage potentiel. Le "fleurage" est très exploité dans l'instrumentation de contrôle (règles de contrôle, marbres, cadre équerre, ...).
Toutefois, dans certaines conditions de lubrification, le "fleurage" qui est gage de bonne qualité géométrique, peut donner de bons résultats fonctionnels. Ces conditions sont
-présence d'un film d'huile permanent et garanti (graissage sous pression (hydrostatique)),
- Présence d'un volume d'huile toujours suffisant par rapport à la charge (graissage volumétrique),
-Déplacements épisodiques, appui statique.
En fait, une machine outil doit fonctionner avec une certaine épaisseur de film d'huile, mais si cette épaisseur est trop importante, elle condamne la capacité géométrique de ladite machine (variation du "copeau mini" entre chariot en mouvement et chariot à l'arrêt).
Cette épaisseur de film d'huile, que l'on veut donc réduite au minimum, dépend d'abord de l'huile (viscosité, température, pression), mais aussi de l'état des surfaces entres elles.
Le fleurage simple n'empêche pas le gommage, mais il le retarde par rapport à une surface lisse. Par ailleurs, pour des viscosités courantes (80 à 100) et 20°, un film d'huile moyen vaut environ 0,03 mm d'épaisseur entres surfaces rectifiées. Eh bien un fleurage simple permet de descendre à 0,02 voir 0,015. Mais on flirte avec le gommage.
Les gratteurs qui opèrent comme moi dans des milieux hostiles (sidérurgie, papeterie, etc ), c'est à dire des environnements de poussière, évitons le "fleurage" tout court, mais c'est à regret.
Toutefois, quand le film d'huile est garanti, nous créons une variante dite "fleurage appuyé", ou alors, nous "détruisons" volontairement la portée géométrique "parfaite" en créant des "pôches" fonctionnelles. Je pense que ce sont ces "pôches" que vous nommé "fleurage" (beaucoup donc font la confusion).
Dans le "fleurage appuyé", la différence de cote entre bosses et creux est plus importante (de l'ordre de 0,01). Ce type de fleurage ne se fabrique pas selon la méthode biax, mais le grattoir biax donne un très bon résultat moyennant quelques conditions particulières d'exploitation. On expliquera… si vous êtes sage…
La photo ci avant relative à la machine Cincinnati (rectifieuse) est un cas typique de "fleurage appuyé", car le film d'huile est garanti, mais les glissières sont exposées et nous usinons ici des cylindres de laminoir (poussière de carbone).
L'autre alternative ce sont donc les "poches" d'huile, mais elles portent différents noms selon les gratteurs. Les uns appellent çà "queues d'hirondelle", d'autres "sifflets", ... Vous savez, c'est un milieu d'artistes alors…
La méthode suisse ne permet pas manuellement de réaliser ces poches, mais le grattoir mécanique biax (ou ex schmidt & weisel) série HM aujourd'hui est spécifiquement dédié à cette réalisation. Le meilleur rendement de ces "poches" est obtenu lorsqu'elles avoisinent un nombre de 8 à 10 au pouce² (d'où le nom HM 10 pour le dernier biax à variation électrique de régime).
La technique italienne (en tirant) permet par contre l'exécution manuelle de très belles poches lorsque l'on maîtrise le métier. A la main, les poches évoluent entres 0,008 et 0,015 de profondeur, mécaniquement on peut obtenir 0,02.
Tout comme le "fleurage" pour la géométrie, l'efficacité fonctionnelle des "poches" dépend de la régularité et la constance dans l'exécution. C'est ce qui est le plus difficile à maîtriser dans ce métier, la constance et la régularité d'exécution.
Personnellement, j'ai un avis particulier (mais j'ai une formation universitaire…) sur l'utilité des "poches" de nos jours, je reviendrais sur cette question plus tard.
Je viens de réaliser un petit échantillon pour mieux expliquer la différence entre "fleurage" et "poches".
[ATTACH=full]74450[/ATTACH][COLOR=#9C9FB3]Les "poches", sous un autre angle.[/COLOR]
[ATTACH=full]74451[/ATTACH][COLOR=#9C9FB3]Maintenant, les "Poches" (ou queue d'hirondelle), destinées à l'aspect fonctionnel (petits réservoir d'huile). Ici deux passes croisées, manuelle en tirant (méthode italienne). Bon c'est du vite fait aussi.[/COLOR]
[ATTACH=full]74452[/ATTACH][COLOR=#9C9FB3]Le même fleurage simple vu sous un autre angle[/COLOR]
[ATTACH=full]74453[/ATTACH][COLOR=#9C9FB3]Exemple de fleurage simple, ici deux passes croisées 1 & 2, puis, par conjonction les points de portée surlignés en blanc (environ 25 /pce²). Bon, pardonnez un peu, c'est fait à la main et vite fait, alors...[/COLOR]