C
Christophe C.
Ouvrier
Bonjour,
Je me suis occupé récemment de l'achat pour le Fablab de Toulouse (Artilect) d'une fraiseuse trois axes Maho MH800T de 1987. Pour ceux qui ne connaitraient pas, c'est un beau bloc de ferraille de 4 tonnes comme on en fait plus, glissières en queue d’aronde grattées, boite de vitesse mécanique commandée par la commande numérique, bâti en fonte sérieux...
Niveau courses elle fait 800x500x450. La broche fait 5,5kW et va de 60 à 3200tr/mn. Une fonctionnalité très intéressante sur cette machine est qu'elle fait à la fois fraiseuse horizontale et fraiseuse verticale. En prime la tête est inclinable.
Elle est équipée d'un pupitre de commande Heindenhain CNC 332.
La machine a été achetée pour la somme tout à fait ridicule de 400€... Elle a été vendue "pour pièces" par le précédent propriétaire (une entreprise de mécanique toulousaine qui l'avait achetée neuve en 1989). La raison pour laquelle ils l'ont réformée est un "blocage" de la boîte de vitesse. Toute l'électronique est parait-il fonctionnelle.
J'ai un peu hésité à engager le Fablab dans ce chantier mais vu le prix de la bête j'en suis finalement arrivé à la conclusion que ce n'était pas un bien gros risque
En prime j'ai absolument toute la doc de la machine (qui partage beaucoup d'éléments avec les Maho MH800E de la même époque, dont la principale différence est un pupitre Philips CNC 432) : manuel utilisateur, plan et liste des pièces mécaniques, schémas électriques, doc du pupitre. J'en ai scanné une partie et je continue à les scanner petit à petit, si ça peut rendre service n'hésitez pas à me solliciter. Et cerise sur le gateau, la doc est en français.
Place aux photos! avant même d'attaque le nettoyage (et elle va en avoir besoin... elle est couverte d'une gangue d'huile et de lubrifiant séchés et a été vendue avec une bonne cargaison de copeaux...) on a attaqué le démontage de la boîte de vitesse pour voire de quoi il en retournait. Pour que vous situiez un peu, voilà à quoi ressemble l'entrainement de la broche :
Le moteur (4) entraine la boîte de vitesse (2) par l'intermédiaire d'une courroie rainurée (3).
En sortie de boîte, un axe avec une mortaise en bout (9) permet l'entrainement de la broche verticale lorsque celle-ci est montée. Un pignon mobile permet d'embrayer la broche horizontale (8).
Et ci-dessous le plan de la boîte : il y a trois étages successifs avec chacun trois positions.
Première surprise en enlevant le carter de protection de la courroie de transmission : elle est complètement disloquée.
Deuxième surprise, le circlips de la poulie d'entrée de boîte (102 sur le plan ci-dessus) est cassé. La poulie a un jeu démentiel, plus d'1mm au diamètre, on la croirait montée sur rotule!
La poulie a un peu d'usure au niveau de l'appui sur l'épaulement de l'arbre du côté du circlips. L'alésage s'évase à chaque extrémité, ce qui explique l'important rotulage. Sinon la surface de l'alésage est plutôt propre. On voit qu'elle a déjà été baguée; cette bague ne figure pas sur les plans. La bague n'est pas dans un acier très dur, on arrive à l'attaquer au cutter. La bague doit être emmanchée à force et est verrouillée en rotation par une vis sans tête montée entre cuir et chair. La vis est bloquée, je n'ai pas insisté pour ne pas abimer la tête de vis.
Le pire pour la fin, sur l'axe d'entrée de boîte la rainure de clavette est cassée et la clavette a disparu.
Du coup on a démonté la boîte pour pouvoir démonter l'axe. Pour ça il faut défaire les moteurs qui commandent la boîte (1) et la jauge de niveau d'huile (2).
Ensuite la boîte tiens simplement avec deux vis côté arbre d'entrée et un centrage dans le bâti de la machine côté arbre de sortie.
A l'intérieur de la boîte, pas de mauvaises surprise. Tout est propre, pas de signes d'usure des pignons, pas de limaille de fer. Ouf!
L'arbre d'entrée démonté.
Par contre la boîte perd de l'huile, on voit les traces sur la peinture... et surtout le bâti de la machine au niveau de la boîte est littéralement rempli d'huile de boîte (et de copeaux... et encore j'en ai enlevé par poignées avant de prendre cette photo). Mais je précise qu'elle avait son niveau d'huile (et même un peu au dessus du niveau max) avant que je ne démonte la jauge et que je ne vidange la boîte.
En enlevant les copeaux j'ai retrouvé un reste de clavette... elle a bien morflé.
Elle retrouve sa place sur l'arbre...
Voilà ou j'en suis. Je n'ai trouvé de trace de blocage nulle part, je ne comprends pas trop qu'es-ce qui a provoqué toute cette casse. Si vous avez des idées, je serais curieux de les entendre!
Pour la suite des évènements voilà ce que j'envisage :
Poulie :
- démontage de la bague (à la presse une fois la vis entre cuir et chair retirée... comment procéder pour l'enlever??)
- tournage d'une bague qui va bien et usinage du logement de clavette
- remontage à force avec une vis entre cuir et chair (ça n'a pas bougé!)
Arbre :
- montage entre pointe sur tour avec entraineur frontal (il y a déjà des traces d'entraineur frontal sur l'axe, on les voit sur la photo ci-dessus)
- réduction du diamètre pour rattraper le faux rond dû à l'usure (mesuré un peu à l'arrache, il y a environ 1/10ème)
- usinage d'une rainure de clavette à l'opposé et ré-usinage de la gorge de circlips si besoin
Si vous avez d'autres suggestions de méthode de réparation, je suis preneur!
Christophe
Je me suis occupé récemment de l'achat pour le Fablab de Toulouse (Artilect) d'une fraiseuse trois axes Maho MH800T de 1987. Pour ceux qui ne connaitraient pas, c'est un beau bloc de ferraille de 4 tonnes comme on en fait plus, glissières en queue d’aronde grattées, boite de vitesse mécanique commandée par la commande numérique, bâti en fonte sérieux...
Niveau courses elle fait 800x500x450. La broche fait 5,5kW et va de 60 à 3200tr/mn. Une fonctionnalité très intéressante sur cette machine est qu'elle fait à la fois fraiseuse horizontale et fraiseuse verticale. En prime la tête est inclinable.
Elle est équipée d'un pupitre de commande Heindenhain CNC 332.
La machine a été achetée pour la somme tout à fait ridicule de 400€... Elle a été vendue "pour pièces" par le précédent propriétaire (une entreprise de mécanique toulousaine qui l'avait achetée neuve en 1989). La raison pour laquelle ils l'ont réformée est un "blocage" de la boîte de vitesse. Toute l'électronique est parait-il fonctionnelle.
J'ai un peu hésité à engager le Fablab dans ce chantier mais vu le prix de la bête j'en suis finalement arrivé à la conclusion que ce n'était pas un bien gros risque
En prime j'ai absolument toute la doc de la machine (qui partage beaucoup d'éléments avec les Maho MH800E de la même époque, dont la principale différence est un pupitre Philips CNC 432) : manuel utilisateur, plan et liste des pièces mécaniques, schémas électriques, doc du pupitre. J'en ai scanné une partie et je continue à les scanner petit à petit, si ça peut rendre service n'hésitez pas à me solliciter. Et cerise sur le gateau, la doc est en français.
Place aux photos! avant même d'attaque le nettoyage (et elle va en avoir besoin... elle est couverte d'une gangue d'huile et de lubrifiant séchés et a été vendue avec une bonne cargaison de copeaux...) on a attaqué le démontage de la boîte de vitesse pour voire de quoi il en retournait. Pour que vous situiez un peu, voilà à quoi ressemble l'entrainement de la broche :
Le moteur (4) entraine la boîte de vitesse (2) par l'intermédiaire d'une courroie rainurée (3).
En sortie de boîte, un axe avec une mortaise en bout (9) permet l'entrainement de la broche verticale lorsque celle-ci est montée. Un pignon mobile permet d'embrayer la broche horizontale (8).
Et ci-dessous le plan de la boîte : il y a trois étages successifs avec chacun trois positions.
Première surprise en enlevant le carter de protection de la courroie de transmission : elle est complètement disloquée.
Deuxième surprise, le circlips de la poulie d'entrée de boîte (102 sur le plan ci-dessus) est cassé. La poulie a un jeu démentiel, plus d'1mm au diamètre, on la croirait montée sur rotule!
La poulie a un peu d'usure au niveau de l'appui sur l'épaulement de l'arbre du côté du circlips. L'alésage s'évase à chaque extrémité, ce qui explique l'important rotulage. Sinon la surface de l'alésage est plutôt propre. On voit qu'elle a déjà été baguée; cette bague ne figure pas sur les plans. La bague n'est pas dans un acier très dur, on arrive à l'attaquer au cutter. La bague doit être emmanchée à force et est verrouillée en rotation par une vis sans tête montée entre cuir et chair. La vis est bloquée, je n'ai pas insisté pour ne pas abimer la tête de vis.
Le pire pour la fin, sur l'axe d'entrée de boîte la rainure de clavette est cassée et la clavette a disparu.
Du coup on a démonté la boîte pour pouvoir démonter l'axe. Pour ça il faut défaire les moteurs qui commandent la boîte (1) et la jauge de niveau d'huile (2).
Ensuite la boîte tiens simplement avec deux vis côté arbre d'entrée et un centrage dans le bâti de la machine côté arbre de sortie.
A l'intérieur de la boîte, pas de mauvaises surprise. Tout est propre, pas de signes d'usure des pignons, pas de limaille de fer. Ouf!
L'arbre d'entrée démonté.
Par contre la boîte perd de l'huile, on voit les traces sur la peinture... et surtout le bâti de la machine au niveau de la boîte est littéralement rempli d'huile de boîte (et de copeaux... et encore j'en ai enlevé par poignées avant de prendre cette photo). Mais je précise qu'elle avait son niveau d'huile (et même un peu au dessus du niveau max) avant que je ne démonte la jauge et que je ne vidange la boîte.
En enlevant les copeaux j'ai retrouvé un reste de clavette... elle a bien morflé.
Elle retrouve sa place sur l'arbre...
Voilà ou j'en suis. Je n'ai trouvé de trace de blocage nulle part, je ne comprends pas trop qu'es-ce qui a provoqué toute cette casse. Si vous avez des idées, je serais curieux de les entendre!
Pour la suite des évènements voilà ce que j'envisage :
Poulie :
- démontage de la bague (à la presse une fois la vis entre cuir et chair retirée... comment procéder pour l'enlever??)
- tournage d'une bague qui va bien et usinage du logement de clavette
- remontage à force avec une vis entre cuir et chair (ça n'a pas bougé!)
Arbre :
- montage entre pointe sur tour avec entraineur frontal (il y a déjà des traces d'entraineur frontal sur l'axe, on les voit sur la photo ci-dessus)
- réduction du diamètre pour rattraper le faux rond dû à l'usure (mesuré un peu à l'arrache, il y a environ 1/10ème)
- usinage d'une rainure de clavette à l'opposé et ré-usinage de la gorge de circlips si besoin
Si vous avez d'autres suggestions de méthode de réparation, je suis preneur!
Christophe
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